Un mal pour un bien
Si vous avez du temps à perdre, vous pouvez lire toute l'histoire de ma page d'aujourd'hui, mais si vous avez mieux à faire (et c'est certainement le cas), il est préférable que vous passiez tout de suite à la fin de ce billet.
Pour avancer dans mes albums, depuis quelque temps, je m'inspire de sketches ou de pages. Même si toutes mes hésitations, incertitudes et tergiversations ne s'évaporent pas pour autant, j'avance quand même plus vite que si je pars de zéro. En ce moment, j'essaie de scrapper les photos prises en décembre à Lanzarote. Après les salines de Janubio et le jardin des cactus, je suis passée au village d'El Golfo, à la pointe sud-ouest de l'île. Comme j'avais envie de mettre trois photos de cet endroit sur ma page, j'ai décidé de m'inspirer de cette page de Marianne Sterchi parue dans Histoire de Pages de janvier 2011.
Même si j'étais tentée, je me suis dit qu'il valait mieux, pour préserver ma santé mentale et la paix de mon foyer, renoncer à la couture. Au départ, voici comment j'imaginais ma page: je tenais à conserver les trois photos qui se chevauchent un peu et j'avais très envie d'essayer le coup de pinceau, mais pas trop prononcé quand même, et garder le tout dans un combo de bleu et vert.
J'ai commencé par le fameux coup de pinceau. Evidemment, même si j'ai essayé d'estomper le plus possible, à l'arrivée, mon vert me paraissait un peu trop présent, mais je me suis dit qu'une fois la photo et le titre placés, on le remarquerait moins. Du coup, je me suis dit que se limiter au combo bleu et vert allait pas mal ternir cette page et qu'il allait falloir quelque chose pour la réveiller. Quelques touches de jaune appliquées de manière discrète m'ont semblé pouvoir convenir. Je prévoyais de mettre quelques décos en papier imprimé sur cette page. Ce qui est rare est précieux, et j'ai donc soigneusement pesé les avantages et inconvénients que présentaient une dizaine de morceaux et découpes d'imprimés avant d'opter pour les chevrons jaunes et les fleurs vertes (à coeur jaune). Ensuite, j'ai passé un temps infini à agencer mes trois photos en réfléchissant longuement à l'inclinaison de chacune d'entre elle et à son degré de chevauchement par rapport aux autres. Après avoir prudemment déplacé mes photos d'un degré vers la gauche ou vers la droite, les avoir remontées ou descendues d'un millimètre et demi tous les soirs, au bout de trois jours j'ai considéré que j'avais atteint la disposition idéale. J'ai rajouté quelques petits cercles blancs tamponnés pour rehausser un peu la page, et j'ai fini par coller mes photos, mon titre et mes trois bouts de papier... mais vraiment cette page restait tristounette. Plus j'y pensais, et plus la réponse s'imposait à moi, un coup de pschitt en haut à gauche et un autre en bas à droite, c'est ce qu'il lui fallait pour la réveiller.
Bien sûr, il aurait mieux valu donner ce coup de pschitt en premier... mais la nécessité ne m'en était pas apparue de prime abord, donc j'ai pschitté à la fin. Et je suis nulle pour pschitter! J'ai beau essayer de diriger mon pschitt et doser la pression de mon doigt, ça ne tombe jamais à l'endroit où je voulais, et pas toujours dans la quantité souhaitée. C'est ce qui s'est produit en bas à droite et ma tentative d'essuyage n'a fait qu'aggraver la situation!
Pas question de garder cette page telle quelle mais il y avait quand même des choses à sauver, et j'ai fait comme quand on tombe de cheval, je me suis remise en selle tout de suite, sinon on commence à douter...
J'ai tiré les leçons de ma première page: j'ai pschitté en premier, et puis j'ai tamponné mes bulles blanches, cette fois en les embossant pour qu'elles soient plus prononcées et qu'elles jouent vraiment leur rôle, éclairer la page. J'ai volontairement laissé les particules de poudre qui s'étaient déposées sur le pschitt pas tout à fait sec, et j'ai embossé en l'état, pour profiter de cette petite brume blanche. J'ai refait mon coup de peinture en veillant à diluer et à estomper un peu plus. J'ai réussi à décoller mes photos, mes lettres et mes décos sans trop de dommages et à reconstituer ma page... et voilà le résultat:
Un petit zoom sur mes bulles?
Bilan: une page kraft 30 x 30 à moitié perdue seulement (je peux utiliser le verso, au moins pour faire des découpes) et à l'arrivée une page qui me convient, finalement c'est un mal pour un bien!