Une deuxième madeleine de Noël
Elle ne le sait pas, mais c'est Marie-Hélène de Madrid qui est à l'origine de cette deuxième madeleine. Il y a quelques jours, Marie-Hélène présentait sur son blog, avec sa verve habituelle, la première étape d'un gigantesque travail entrepris par son mari, une crèche de Noël. Pour celles qui, comme moi, ne connaitraient pas son mari, qu'il vous suffise de savoir qu'il est, outre un bâtisseur de crèche exemplaire, aussi le sosie de George Clooney. Si, si, c'est Marie-Hélène qui le dit et moi, je crois tout ce qu'elle dit.
Mais revenons à nos moutons, puisqu'il est question de crèche. Le premier élément que nous a montré Marie-Hélène, c'est un petit bassin miniature créé par son mari pour les lavandières. Et là, j'ai tout d'un coup revu cette crèche fabuleuse que j'allais admirer chez des voisins, dans l'immeuble où j'habitais quand j'étais petite. Je sais très bien ce qui a déclenché cette "vision", c'est le petit bassin. Dans la crèche des voisins, il y avait aussi une petite mare représentée par du papier aluminium bordé de berges en mousse.
Je pense qu'une bonne partie de l'immeuble défilait devant cette crèche. Déjà, les voisins en question étaient des gens adorables et extrêmement accueillants. Cette famille représentait pour moi un summum en matière d'organisation familiale, car la grand-mère vivait avec la famille. Une situation qui, à l'époque, me semblait idéale car j'adorais mes grands-parents, mais qui n'aurait peut-être pas été du goût de mes parents. Je crois me rappeler que c'était d'ailleurs la grand-mère qui mettait en place la crèche et disposait les personnages, ou qui du moins dirigeait les opérations.
Cette crèche, placée dans le salon, occupait toute une petite table, contre un mur et était posée au centre d'un paysage façonné en "papier rocher" (vous vous souvenez du papier rocher?). Je ne me souviens plus très bien si, comme dans celle du mari de Marie-Hélène, il y avait d'autres bâtiments que la crèche, mais je me rappelle surtout de cette profusion de personnages et d'animaux en terre, pas dépareillés comme dans la crèche que nous avions à la maison (je crois qu'on avait dû racheter un âne parce que le premier avait au moins deux pattes cassées, et du coup le nouveau n'était plus de la même taille que le boeuf, et surtout, chez nous, on se limitait à un cercle assez restreint de personnages...), mais tous parfaitement assortis, et à leur place, semblant vaquer à leurs occupations et absorbés par leurs activités. Bergers, meuniers, lavandières, etc., ma mémoire me trahit peut-être, mais dans mon souvenir, il y en avait une multitude, tous différents, et d'une visite à l'autre, j'en découvrais toujours de nouveaux. Ce qui me fascinait particulièrement, c'était, dans un repli du fameux papier rocher, et sur la gauche, dans les hauteurs, la caravane des rois mages qu'on voyait arriver au loin, avec leurs chameaux. Quand j'allais voir cette crèche avec ma mère, je serais volontiers restée des heures mais ma mère, avec un sens aigu des convenances, prenait congé après les politesses d'usage au bout d'un laps de temps sans doute parfaitement approprié à ce genre de visite mais qui me semblait toujours trop court. J'avais sept ans, et j'avais en principe atteint l'âge de raison, pourtant j'avais l'impression, totalement irrationnelle, que tous ces personnages étaient doués d'une vie propre et qu'il se passait des tas de choses intéressantes dans la crèche dès que j'avais tourné le dos, conséquence sans doute du réalisme saisissant des personnages. Je ne sais pas non plus s'il s'agissait de véritables santons provençaux, je ne m'en souciais guère, en tout cas la magie opérait...
J'espère que cette crèche est toujours montée à chaque Noël, peut-être chez un des trois enfants de cette famille, qui étaient un peu plus âgés que moi, et qu'elle enchante toujours les enfants de sept ans...et même un peu plus grands...