Histoire
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Malgré mes bonnes résolutions, je n'ai pas pu passer par ici aussi souvent que je l'aurais voulu, c'est fou le nombre d'occupations qu'on peut tout de même avoir alors que des pans entiers de l'activité économique sont au point mort... Pas encore du scrap mais une petite sortie culturelle pour vous faire patienter:
Ca commence ici, sur la Grand Place de Lier, charmante localité flamande située sur la Nèthe, à une quinzaine de kilomètres d'Anvers.
Nous nous rendons dans un des treize béguinages flamands inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Une petite explication, au cas où... Un béguinage, c'était, au Moyen-Âge, une communauté religieuse de femmes n'ayant pas prononcé de voeux et, par extension, l'ensemble de bâtiments qu'elles occupaient. Ce mouvement a été particulièrement actif aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne, même si on en trouve aussi quelques exemples en Espagne.
La vie des béguines se déroulait donc en communauté autour de leur église, mais elles connaissient aussi un certaine indépendance économique car ces femmes, veuves ou célibataires, exerçaient toutes une activité qui leur permettait de subsister.
Le béguinage le plus connu en Belgique est celui de Bruges mais on en comptait environ 80! Ci-dessous, celui de Diest:
Le béguinage de Diest possède un monumental portail baroque, qui contraste avec la simplicité du portail du béguinage de Bruges, pour celles qui connaissent. Autre différence, Diest appartient à la catégorie des béguinages à rues, il ressemble à une petite ville en miniature alors que Bruges est un béguinage à cour, dans lequel les maisons sont disposées tout autour d'une vaste cour intérieure plantée d'arbres.
Rues pavées, pompes, fontaines, dans ces endroits clos, un peu hors du temps, on essaie d'imaginer ce qu'a pu être la vie de ces femmes...
Petit jardin de plantes médicinales à Diest:
Évidemment, ces communautés n'étaient pas du goût de tout le monde, et certainement pas du clergé de l'époque, qui voyait là une hérésie. Tolérer des femmes regroupées en communautés autonomes, pour une institution dont la hiérarchie était exclusivement masculine? Les communautés béguinales furent donc interdites au début du XIIIe siècle, mais elles réussirent à subsister dans ce qu'on appelait alors les Pays-Bas du Sud (en gros, la Flandre actuelle), en acceptant quelques aménagements dans leur organisation qui les rendaient acceptables aux yeux des autorités religieuses. Le béguinages sont donc restés en activité en Belgique, pour certains même jusqu'au lendemain de la 2e guerre mondiale.
Le béguinage de Diest, à l'origine composé de maisons en torchis, a été entièrement reconstruit au XVIIe siècle. Comme dans de nombreux béguinages, chacune des maisonnettes est placée sous le patronage d'un saint. En général, le nom du saint est indiqué mais ici ce n'était pas le cas. Mes recherches m'ont appris que ce type de statue porte un nom: il s'agit d'un saint céphalophore, c'est-à-dire qu'il a été décapité et porte sa tête dans ses mains. La mitre montre qu'il s'agit d'un évêque, je pencherais pour St Denis, souvent représenté ainsi.
Si vous vous intéressez aux béguines et que vous souhaitez en savoir davantage sur leur organisation, leur mode de vie, leur doctrine mais aussi l'hostilité que leur mouvement a rapidement suscité, je vous recommande ce roman d'Aline Kiner très bien documenté, qui permet d'en savoir davantage sur ces communautés médiévales.