Il est de moins en moins question de scrap sur ce blog, et ce n'est pas aujourd'hui que ça va s'arranger.
En effet, j'ai peu de temps libre et j'en consacre de moins en moins au scrap, alors faites le calcul: très peu de pas beaucoup, au final, ça ne fait vraiment pas grand-chose.
Si je délaisse un peu mon cutter et mes papiers, il y a une activité à laquelle je ne peux pas renoncer, la lecture. Déjà quatre ou cinq livres lus depuis le début de l'année, et en voici un qui m'a particulièrement marquée:
Herman Koch, que vous ne connaissez sans doute pas à moins d'avoir déjà lu ce roman, est un acteur/écrivain/chroniqueur néerlandais. Le dîner n'est pas son premier roman, mais c'est celui qui a valu à son auteur un prix littéraire aux Pays-Bas et la célébrité avec 400 000 exemplaires vendus.
L'action principale, comme l'indique le titre, se déroule pendant un dîner. Elle est complétée par des évocations de souvenirs et récits d'événements du passé très proche ou un plus lointain qui permettent au lecteur de comprendre petit à petit les tenants et aboutissants de l'affaire... Paul, le narrateur, est invité à dîner avec sa femme Claire dans un resto branché d'Amsterdam par son frère, homme politique en vue, favori des sondages et en passe de devenir le prochain premier ministre du pays. Paul, c'est l'"homme normal" - puisque l'expression est à la mode -, prof, marié à Claire dont il est toujours amoureux, père d'un ado prénommé Michel, bref, il a sa petite vie tranquille et on le sent agacé par ce frère à la notoriété encombrante, agacé mais un peu amer aussi, mais peut-on lui en vouloir? Il a bien un petit truc qui le tracasse aussi, mais bon. Et le dîner commence. L'apéritif arrive, le ton est ironique, grinçant, et on se dit qu'on est parti pour une satire sociale de la bonne société bobo neérlandaise, avec restos chichiteux et vacances en Dordogne.
Et les plats se succèdent. On fait des aller-retour dans les souvenirs de Paul. Les portables vibrent, les doigts se crispent sur les manches des couverts, les plats repartent. Aux deux tiers du roman, on pense qu'on a tout compris, on sait de quel côté on se place. Et c'est là que... je ne veux rien dévoiler mais Koch traite vraiment son sujet d'une manière extrêment habile, nous retourne et nous manipule à sa guise.
Ce roman est marquant et certains lecteurs l'ont trouvé dérangeant, à tel point qu'ils l'ont détesté. Dérangeant, il l'est, effectivement. Personnellement, je ne trouve pas ça rédhibitoire et je suis de ceux qui pensent, à tort ou à raison, que si on ne veut pas être dérangé dans ses lectures (je n'ose pas employer le terme littérature), il vaut mieux s'en tenir à la collection Harlequin. Pour moi, "le dîner" est un très bon livre, encore plus sur le plan du traitement des personnages et de la mise en place de l'intrigue que sur celui des thèmes - toutefois très pertinents - qu'il aborde.
Si vous êtes allergique aux crustacés, n'ayez crainte, il n'est nullement question de homard.
Traduit du néerlandais par une ancienne condisciple, le monde est petit!