Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
scrapojapon
Newsletter
4 février 2008

Haricots et démons

Hier, le 3 février, c'était Setsubun. Non, ce n'était pas un jour férié, néanmoins c'est une fête encore très populaire au Japon.

Le mot "setsubun" signifie à peu près division, point de passage entre deux saisons. Le jour du "setsubun" est la veille d'une nouvelle saison. Plusieurs sites que j'ai consultés pour mes recherches indiquent qu'il y avait autrefois plusieurs "setsubun" dans l'année. En outre, dans l'ancien calendrier japonais importé de Chine, il y avait vingt-quatre divisions extrêment précises correspondant en fait à des périodes d'environ quinze jours. Si vous vous intéressez à la question et que vous lisez l'anglais, vous consulterez avec profit ce site. Si vous avez des connaissances en astronomie, elles ne seront pas inutiles...

Quoi qu'il en soit, seul le setsubun précédant la période appelée "Risshun", début du printemps, est toujours célébré aujourd'hui. C'était déjà, par le passé, le plus important des setsubun de l'année puisqu'il précédait la nouvelle année lunaire (elle commence le 7 février cette année, ce sera le Nouvel an chinois). Le Japon a adopté le calendrier grégorien et ne fête plus le Nouvel an en février, mais la tradition de Setsubun subsiste.

De quoi s'agit-il? Eh bien, encore une fois, d'éloigner les mauvais esprits et d'attirer à soi la bonne fortune. Dans le passé, il était paraît-il courant de suspendre à sa porte des têtes de sardines grillées et des gousses d'ail pour éloigner les démons. Cette coutume a l'air d'être tombée en désuétude... En revanche, une autre coutume reste bien vivante, celle qui consiste à lancer des haricots sur les démons en criant "Oni wa soto, fuku wa uchi", (les démons, dehors, le bonheur, dedans!). Cette tradition peut être célébrée à la maison, où en général le maître de maison se dévoue pour porter un masque de démon et se faire bombarder de fèves de soja grillées. Ensuite, chacun ramasse les haricots et en mange un nombre équivalent à son âge plus un an.

Certains sanctuaires organisent également des cérémonies pour setsubun, et le sanctuaire le plus proche de chez nous est particulièrement renommé pour cette fête, car il se spécialise dans la lutte contre le mauvais sort...

Dès l'approche du sanctuaire commencent à apparaître les petits stands de nourriture qui accompagnent toute célébration religieuse au Japon, qui vendent des beignets au poulpe, des brochettes ou des bonbons. Pour Setsubun, cependant, la plupart d'entre eux sont consacrés à la glorification de la fève de soja,

DSC_0656

aux fèves, pois, graines et haricots en tous genres, bref aux légumineuses sous toutes leurs formes, ainsi qu'aux fruits et légumes séchés.

DSC_0655

Au sanctuaire, il y avait effectivement foule. La cérémonie proprement dite se déroulait par "sessions" d'une vingtaine de personnes, chaque session durant à peine un quart d'heure. L'avantage, c'est que la célébration a lieu devant un autel qui n'est séparé de la véranda sur laquelle se tient le public que par une petite balustrade de bois. On voit donc très bien ce qui se passe, et comme il y avait des gens qui prenaient des photos, nous en avons pris aussi.

Avant la cérémonie, les officiants placent sur le sol des petites boîtes en bois carrées contenant des haricots grillés, mais aussi un petit bout de branchage et une bandelette de papier.

DSC_0632

Les plateaux sont posés à même le sol, en nombre égal à celui des participants à la session.

DSC_0635

C'est le début de la cérémonie, les participants sont assis à la japonaise, sur leurs talons, devant leur plateau et un des officiants lit leurs noms (je pense qu'ils ont versé leur obole pour la cérémonie...)

DSC_0638

Ils vont tous à tour de rôle devant l'autel, où sont placés de grands bols fumants dans lesquels ils placent un haricot, puis ils reviennent à leur place, et un des officiants fait le tour pour recueillir les petits bouts de branchage et les petites bandes de papier.

DSC_0639

C'est alors le grand moment du "mame-maki", le lancer de haricots, annoncé par force coups de gong et tintements de cloche: les participants se lèvent et crient "fuku wa uchi" (que le bonheur entre") en jetant des haricots dans l'assistance. 

DSC_0642

DSC_0641

C'est fini pour cette session! Vous avez manqué le début? Pas de problème, ça recommence aussitôt... Eh oui, il n'y a qu'une vingtaine de places et vu le nombre de personnes qui attendent... Un des officiants prend le balai pour ramasser les haricots de la précédente fournée, un autre dispose les plateaux garnis de nouvelles munitions, et c'est reparti! 

DSC_0629

Autre coutume de setsubun, originaire de la région du Kansai (Osaka - Nagoya) mais qui, grâce aux efforts des grandes chaînes de supermarchés et autres convenience stores, commence paraît-il à se répandre dans tout le pays: manger un makizushi en se tournant vers une direction donnée, qui change tous les ans. Il faut manger tout son maki sans dire un mot. Pour setsubun, les supermarchés vendent les makizushi non débités en tronçons et affichent la direction à respecter. Cette année, la bonne direction, c'est sud-sud-est!

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Trop chouettes tes récits! Merci pour cette histoire de lancer de haricots!
Répondre
M
je me demande... est que la moyenne est que tout le monde participe à toutes les traditions, où l'on choisit? Ou selon sa culture familiale et sociale, les rituels qu'on suit varient?<br /> (oui elle est un peu bête ma question)<br /> <br /> et je dois t'avouer que je ne sais pas vers quel point cardinal on était quand on a mangé les maki, samedi, mais un truc est sûr, les démons seront sur nous parce qu'on les a tronçonnés!
Répondre
B
placées sur les haricots seraient-elles du houx??? Les ONI ont horreur de l'odeur des sardines grillées et du houx qui pique. Malheureusement pour les bouts de papier.... je sèche, si ce n'est que les bandelettes de papier béni sont très utilisées dans toutes sortes de cérémonies. Ou peut-être était-ce une sorte d'étiquette qui prouvait que les gens avaient payé leur obole (comme tu l'as dit ce genre de cérémonie n'est absolument pas gratuite; au nouvel an, c'est minimum 5 000 yen ou plus en fonction de ce que l'on demande comme exorcisme)
Répondre
D
sardines grillées et GOUSSES D'AIL contre les démons, est ce que la coutume vient d'occident? ou le contraire?
Répondre
M
Bon reportage!<br /> Nous avions prévu d'aller voir bruler des Daruma mais la neige a laminé notre courage. Aujourd'hui par contre il a fait beau.
Répondre
Publicité
Archives
Publicité