Le bel âge...
On célèbre aujourd'hui au Japon Seijin-shiki, c'est-à-dire la fête de la majorité. L'âge de la majorité est fixé à 20 ans. C'est un jour férié, et tous les jeunes dont le vingtième anniversaire se situe entre début avril 2007 et début avril 2008 sont conviés à une cérémonie civile pour célébrer (le plus dignement possible) leur passage à l'âge adulte.
Ces cérémonies sont organisées à différents endroits, le plus souvent dans des écoles secondaires.
Ce matin, donc, il y avait foule autour du collège du quartier. Pour Seijin-shiki, les jeunes filles portent un kimono, ou plutôt un furisode, kimono à manches très larges que ne portent que les jeunes femmes non mariées. De ce côté-là, la tradition est encore très vivace. Les garçons, eux sont plutôt en costume-cravate; certains portent le hakama traditionnel gris ou bleu foncé, mais certains provocateurs se présentent vêtus de hakama colorés avec la ferme intention de jouer les trouble-fête...
Furisode, peut-être, mais aussi cheveux teints et permanentés, la nouvelle génération respecte la tradition mais entend bien y imprimer sa marque.
A vingt ans, au Japon, on a le droit de fumer et de consommer de l'alcool.
Pour certains, et certaines, cela ne datait pas de ce matin!
Les parents accompagnent leur grand enfant jusqu'au lieu de la cérémonie mais ils n'y assistent pas, c'est l'occasion de faire une dernière photo...
La cérémonie officielle serait, d'après les échos que j'en ai eu, plutôt une succession de discours ennuyeux prononcés par des fonctionnaires chevrotants désireux de sensibiliser les jeunes aux responsabilités qui les attend dans leur nouvelle vie d'adultes. Seijin-shiki, c'est aussi l'occasion des retrouvailles, car tous ces jeunes ont pour la plupart entamé des études universitaires et revoient, à l'occasion de la cérémonie, des camarades de lycée qu'ils ont quittés il y a un peu plus d'un an.
Il est probable que, quelque temps avant la cérémonie officielle, ces jeunes auront aussi participé à une fête organisée à l'initiative de leur ancienne école, à laquelle ils auront retrouvé leurs amis de lycée, et où l'atmosphère aura été plus détendue.
Seijin-shiki, c'est aussi une affaire de planification et de gros sous... Une amie dont la fille fête ses 20 ans cette année, et que je voudrais remercier, si elle passe par ici, pour ses explications, a réservé dès le printemps un furisode de location pour sa fille. En effet, beaucoup de ces tenues sont louées car l'achat d'un kimono neuf représente une fortune et, en plus, on ne peut porter le furisode qu'avant d'être mariée. Comme la plupart de ces demoiselles ont l'intention de convoler, rares sont celles dont la famille peut se permettre d'acheter un furisode qui restera ensuite dans sa boîte. Soit il y a déjà un furisode dans la famille (venant de la maman par exemple) que la fille peut porter, soit la famille en loue un. Mais le furisode, ce n'est pas tout, car il faut aussi les zori (les petites sandales) et le sac assorti, et la coiffure et tous ses ornements. Complication supplémentaire: l'habillage. Si on n'a pas l'habitude, il faut faire appel à une habilleuse et elle ne travaille pas pour rien. Même chose pour la coiffure...lorsque mon amie s'est renseignée, il y a plusieurs mois, auprès de la société chez qui elle a loué le furisode pour sa fille, qui propose une foule de prestations associées à la cérémonie, on lui a proposé un rendez-vous chez le coiffeur à ... 3 heures du matin. Finalement, leur coiffeur habituel faisait très bien l'affaire... Si on ajoute à tout ça les photos officielles réalisés pour l'occasion, Seijin-shiki se révèle ruineux pour les parents!