Tanjung
Je vous avais annoncé de l'inédit, car aujourd'hui j'ai laissé la plume à ma fille, qui a onze ans et demi.
Après l'intervention de son frère sur mon blog, elle avait bien envie, elle aussi, d'écrire un petit article, d'autant plus qu'elle est toujours félicitée pour ses rédactions à l'école. Mais, comme elle a une tendance -injustifiée - à douter de ses capacités, elle ne pensait pas pouvoir produire quelque chose de bien en français. Votre indulgence à l'égard de son frère a fini par la décider, et il y a toujours une petite part de rivalité...
Pendant les vacances, le professeur d'anglais n'avait pas donné de devoirs particuliers autres que...d'écrire son journal, avec une entrée d'au moins vingt lignes par jour, avec si possible photos ou autres documents à l'appui...Le jour de la rentrée, il faut rendre le cahier au professeur. J'aime autant vous dire que ce n'est pas toujours facile, même quand on écrit volontiers comme ma fille, et que quand le retard commence à s'accumuler, le rattrapage est difficile! Cependant, elle avait écrit dans son journal en anglais un très joli texte sur une excursion que nous avons faite pendant notre séjour à Bintan, en Indonésie. Je lui ai suggéré non pas de traduire, mais d'essayer de penser et d'écrire ce texte en français, sans regarder l'anglais surtout, et voici ce que ça a donné:
Tanjung Pinang
Tanjung Pinang, la plus grande ville de l'île de Bintan (mais je dois préciser que la population de Bintan est de 200 000 habitants) ne ressemble pas du tout à Tours même si ces deux villes ont le même nombre d'habitants.
Notre chauffeur nous avait déposés dans un centre commercial où la moitié des boutiques vendaient du faux, mais cela ne nous intéressait pas. Nous voulions le vrai Tanjung Pinang, nous voulions les petites allées secrètes et les vendeurs de poisson, nous voulions les ruelles cachées et les marchands de batik, le tissu traditionnel. Bref, pas ça.
Alors que nous sortions du centre commercial, la circulation de Tanjung Pinang nous surprit dans un brouhaha de klaxons et de cris:
Les mobylettes habiles zigzaguaient entre les voitures dont les chauffeurs enragés criaient par la fenêtre. La première rue nous montra ses nombreux marchands de batik et de bijoux coûteux mais au fur et à mesure que nous nous enfoncions dans les profondeurs de la ville, nous découvrions petit à petit des vendeurs de fruits, d'épices et de légumes.
Les mille et une couleurs tournaient autour de nous et les odeurs, toutes plus surprenantes les unes que les autres, suscitaient la curiosité, le plaisir et parfois aussi ...le dégoût. Les habitants de Tanjung Pinang marchandaient le prix d'un simple oignon ou d'un paquet de haricots.
Dans les boutiques de poisson séché, il y avait aussi une foule de créatures marines que je ne savais pas qu'on pouvait déshydrater, comme des poulpes et des hippocampes.
Dans la rue, une dizaine de réparateurs de montres étaient alignés avec leur petite mallette. Les horlogers travaillent sur la rue, avec tous leurs outils dans une minuscule valise! Enfin, j'avoue que ce ne sont pas les outils d'horloger qui sont les plus encombrants.
J'ai trouvé l'aventure très enrichissante même si je ne suis pas sûre que je voudrais vivre à Tanjung Pinang.