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scrapojapon
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20 novembre 2007

Double dose

Vous ne vous en rendez peut-être pas compte, mais le message d'aujourd'hui est doublement japonais. Pourquoi? D'une part, parce que c'est un message de saison, dans la plus pure tradition japonaise et, d'autre part, parce qu'il est consacré à un arbre et à un fruit typiquement japonais.

Au Japon, on parle beaucoup des saisons. Il est d'usage de les respecter les saisons et de bien profiter de ce que chacune d'entre elles a à offrir. Les Japonais, d'ailleurs, disent volontiers qu'il y a cinq saisons au Japon, le printemps, la saison des pluies, l'été, l'automne et l'hiver. Les saisons me paraissent effectivement beaucoup plus marquées que chez nous, et c'est vrai que c'est agréable de profiter d'un vrai printemps, sans passer directement de l'hiver à l'été ou, certaines années, à une saison qui se confond avec l'automne. Justement l'automne, au Japon, est une véritable - et magnifique - saison. Chaque saison a ses symboles, ses fleurs, ses activités, et bien sûr, ses plats. 

En japonais, quand on écrit à quelqu'un, il est de bon ton de commencer par quelques considérations sur la saison: "c'est le printemps, j'espère que vous profitez bien des cerisiers en fleurs; c'est l'automne, j'espère que vous appréciez les feuillages; c'est l'été, j'espère que vous vous mettez bien à l'ombre par ces fortes chaleurs; j'espère que vous vous couvrez bien car c'est l'hiver". Je ne plaisante pas, avant de me mettre à rédiger ce message, j'ai reçu un mail charmant de la société à qui je loue ma voiture, libellé ainsi: "Bonjour, c'est la société Untel, nous espérons que vous profitez bien des couleurs d'automne. Pourriez-vous nous indiquer la date qui vous convient le mieux pour la révision de votre véhicule?".

L'automne, c'est la saison des érables, des châtaignes, des champignons et de ces fruits orange, assez peu connus chez nous, qu'on appelle des kakis. Voici donc un message doublement dans le ton puisqu'il vous parle des joies de la saison, et des kakis.

Pour commencer, la minute linguistico-culturelle: le mot kaki est ...japonais. Et si le kaki est orange, c'est parce que le mot qui désigne le fruit n'a rien à voir avec celui qui désigne la couleur kaki. Ces deux mots, homonymes en français, ont des origines totalement différentes : pour le fruit, le mot kaki vient directement du japonais, sans modification. L'anglais, lui, appelle ce fruit "persimmon" et n'a pas retenu le mot japonais. En revanche, le mot kaki utilisé en français pour désigner une couleur vert-brun vient de l'anglais khaki, qui l'a lui-même emprunté à l'urdu, langue dans laquelle il signifie poussière, terre.

Venons-en vite à nos kakis. Le kaki est le fruit du ...plaqueminier, un arbre d'origine asiatique, de l'est de la Chine, du Japon, les sources varient un peu. En tout cas, on en trouve partout au Japon, y compris à l'état sauvage. C'est maintenant qu'on commence à les remarquer, puisque c'est l'époque où leurs fruits mûrissent et changent de couleur.

arbre

Ici, il est un peu difficile de distinguer les fruits des feuilles roussies par l'automne, mais on a une meilleure idée ici:

arbrefruits

ciel

D'un peu plus près, se découpant sur le ciel bleu, ou ci-dessous, en gros plan:

fruits

Mais dans quelques semaines, quand tous les fruits seront tombés, les plaqueminiers constitueront une des seules touches de couleur qui subsistera dans les jardins, avec les camélias.

DSC00503

Ils poussent aussi à l'état sauvage, ce qui arrange bien les oiseaux qui festoient dans les plaqueminiers à l'entrée de l'hiver.

arbrenu

Avant d'arriver au Japon, je connaissais déjà les kakis car il y avait plusieurs plaqueminiers dans le village de mes grands-parents, dans les Pyrénées. Seulement, personne ne savait comment manger ces fruits. Je me demande d'ailleurs toujours pour quelle raison ces arbres avaient été plantés, sans doute à une époque où on ne plantait pas un arbre pour des raisons esthétiques et où on était peu enclin au gaspillage, si en plus, on ne savait pas quoi faire des fruits.

Au Japon, il y a deux variétés de kaki, le fuyu et le hachiya. Le fuyu est une variété assez récente, dite non astringente, que l'on peut en principe manger après la cueillette. Le hachiya, variété classique, doit être consommé très mûr, pour ainsi dire blet, et on le déguste alors à la petite cuillère. Je dis en principe, parce que le kaki fuyu, frais...bof. Heureusement pour lui, c'est un fruit que je trouve magnifique:

kaki

Il a une superbe couleur orangée, une forme pleine et régulière, une peau lisse et quatre jolies petites feuilles qui forment un motif bien caractéristique à la base, là où il était attaché à l'arbre. On retrouve très souvent le kaki dans la culture populaire japonaise: plusieurs contes japonais mentionnent un plaqueminier ou des graines de kaki, de nombreuses peintures à l'encre ont pour sujet un kaki, au restaurant, en automne, on vous servira des mets dans un récipient en forme de kaki.

Au Japon, en fait, chose que j'ignorais totalement avant d'arriver, on consomme surtout les kakis séchés. En ce moment, les supermarchés vendent des cageots de kakis. Les gens qui n'ont pas de plaqueminier (voire pas de jardin du tout) les achètent, les pèlent, les enfilent sur une ficelle, et les mettent à sécher:

balcon

Eh oui, sur la corde à linge, et en plus, ça décore leur balcon.

Ici, une installation un peu plus élaborée, sous un petit abri. Il s'agissait d'une maison avec jardin, et les kakis sèchent en compagnie des oignons.

sechage

Une fois sec, le kaki prend beaucoup de saveur. Il est légèrement sucré, mais pas trop. Il existe plusieurs degrés de séchage. Bien sûr, une fois sec, le kaki a complètement perdu sa forme d'origine, mais certains fruits sont vraiment plats et secs, alors que d'autres sont encore assez rebondis, avec, à l'intérieur, une chair qui ressemble à de la confiture.

Si vous avez un plaqueminier dans votre jardin, essayez le séchage à la japonaise! Et si vous connaissez une autre façon de les manger, faites-le moi savoir.

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Commentaires
D
Il semble qu'en France on ne trouve que des kakis "mous" ceux qu'on mange à la cuillère, les autres les "durs" sont meilleurs à mon goût mais je ne sais pas si on les cultive chez nous?
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V
Alors c'est amusant, car l'autre fois chez ma copine japonaise, nous avons mangé en dessert des persimmons. Et je suis repartie avec deux d'entre eux qu'elle m'a offert... J'ai bien envie de les sécher. Je connaissais le kaki en france mais je pensais que je n'aimais pas ça. Et en fait c'est très bon ! Jolie reportage.
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L
Juste de te lire j'en ai l'eau à la bouche : je suis une fan, grande fannnnnn, des Kakis !!! Mais attention uniquement de ceux qu'on mange croquants (je n'aime pas du tout du tout les autres, les mous... beurk !). Mais ici on ne les trouve que peu de semaines, snif... donc j'en mange des tonnes juste sur qqles semaines ! :)
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P
je connaissais le fruit mais comme toute bonne française qui se respecte, j'étais convaincue qu'il poussait sur un kakitier !!! hi hi hi ! merci pour cette leçon de chose - la prochaine fois que j'en vois, promis j'y goute !
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V
Si je te disais que j'ai un plaqueminier dans mon jardin et que personne à la maison ou dans mon entourage ne mange de kakis. C'est cependant un joli arbre d'ornement car les couleurs des feuilles sont superbes à l'automne. Il faudrait que j'essaye la méthode japonaise en faisant sécher les fruits. Merci pour cet article très interessant.<br /> Bises.Véro
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