En campagne
Eh oui, ici aussi, la campagne électorale bat son plein. Les élections ont lieu demain, et comme il s'agit d'un scrutin très local, même pas à l'échelle de la ville de Nagoya mais juste des arrondissements qui la composent, cela nous donne l'occasion de voir de très près comment ça se passe. Il y a bien deux ou trois mois que nos huit candidats sont entrés en campagne:
Bon, pas grand-chose à signaler par rapport à ce qu'on voit chez nous, M. Kamakura s'est fait prendre en photo avec sa petite fille, original pour le Japon où on ne peut pas dire que les pères passent beaucoup de temps avec leurs enfants, ou simple démagogie peut-être. M. Ogawa (le troisième en partant de la gauche dans la rangée du bas) affiche un sourire éblouissant qu'il reproduit très bien au naturel (je l'ai vu!) alors que dans la rangée juste au-dessus, M. Yoshida a l'air bien tristounet.
Depuis presque trois mois, donc, les véhicules de campagne des candidats en général de petites camionnettes bardées de leurs affiches et surmontées de haut parleurs sillonnent les rues de la commune à quinze à l'heure. A bord, quatre jeunes filles vêtues de blousons en nylon de couleur fluo (j'ai l'impression que chaque candidat a la sienne), gantées de blanc, font bonjour de la main au passant pendant que le haut-parleur braille: "Bonjour, bonjour, c'est Yoshida (ou Kurematsu, ou Matsui), merci beaucoup, merci beaucoup" (merci de quoi? le vote n'a pas encore eu lieu).
C'est M. Ogawa dans sa voiture de campagne...
Les élections ont lieu demain, donc depuis trois semaines, les candidats sont passés à la vitesse supérieure et occupent le terrain. Ils sont partout: Monsieur Ogawa est venu en personne déposer sa carte dans ma boîte aux lettres et me saluer d'un grand " Hi!". En habile politique, il ne s'est même pas laissé démonter par ma qualité d'étrangère fort peu susceptible de participer au scrutin, qui sait, je pourrais peut-être convaincre des amis japonais de voter pour lui. Dimanche dernier, à la petite fête de quartier organisée pour la floraison des cerisiers, les candidats se succédaient, dix minutes chacun. M. Ogawa était là aussi, arborant le maillot de l'équipe de football du Japon, toujours souriant, il trottinait, suivi de deux acolytes qui portaient sa bannière. Ce matin, nous l'avons croisé de nouveau, cette fois il était à vélo, toujours suivi de ses deux porte-étendard (Ces petites bannières, très utilisées ici pour faire de la publicité, sont identiques à celles qu'on voit dans les armées des films de Kurosawa, comme dit mon mari, en quatre cents ans, rien n'a changé). Avant-hier, c'est M. Matsui qui m'a fait pitié. Devant la gare, perché sur une petite caisse devant sa camionnette, il s'époumonait pour un auditoire d'exactement zéro personne, pendant que les membres de son équipe, revêtus comme lui d'un blouson vert fluo, s'évertuaient à essayer de coller son programme de campagne dans les mains des rares voyageurs qui sortaient de la gare.
Je suis désolée pour le cadrage de ces photos, prises de la voiture.
Ce matin encore, nous avons vu Mme Kurematsu, qui a axé sa campagne sur les enfants et choisi le rose comme couleur... De nouveau, les membres de son équipe étaient plus nombreux que les auditeurs:
Cette campagne semble laisser les Japonais assez indifférents, mais elle nous aura bien divertis. A partir de lundi, ça va nous manquer de ne plus entendre les haut-parleurs des camionnettes mais peut-être que le vainqueur fera une tournée pour remercier ses électeurs..."Bonjour, c'est Matsui, merci, merci beaucoup, je vous remercie infiniment..."